Stéphane De Groodt : "Le vin marque le temps"
Le comédien bruxellois, ancien pilote automobile, a su, en imposant un style très personnel, fait de jeux de mots et d’absurde, se construire au fil des ans une œuvre qui lui ressemble, éclectique et pléthorique. Ce touche-à-tout tâte même de l’écriture avec Un léger doute, sa première pièce, créée en 2023 par le metteur en scène Jérémie Lippmann, dans laquelle il questionne le sens de l'existence. Entretien avec Muriel Lombaerts.
Un léger doute est votre première pièce de théâtre. Qu’est-ce qui vous a poussé à l’écrire ?
- J’ai toujours aimé l’écriture. D’ailleurs, je travaille actuellement sur une biographie. Quant au théâtre, c’est lui qui s’est imposé à moi. C’est pendant la période si particulière du Covid que j’ai commencé à m’interroger sur le sort d’un comédien qui serait privé de spectateurs, notre existence à nous les comédiens dépendant du regard des autres. L’idée est née alors d’une pièce où, à la fin d’une représentation, mes partenaires refuseraient de quitter leurs personnages alors que je m’apprête à sortir de scène. Cette mise en abyme explore avec humour des questions quasi métaphysiques.
Le vin également pose des questions sur l’existence ?
- Absolument. Le vin marque le temps. Il est toujours lié à des personnes, à des souvenirs, à des moments précis. Il désinhibe aussi : il nous transporte tout en révélant des vérités. Et il interroge les sens. Dans la pièce, il y a une scène où un personnage déguste à l’aveugle un vin blanc et croit que c’est un rouge. Il y en a une autre où j’annonce à ma femme que je suis mort, mais elle ne me croit pas. Tout est question de regard, de subjectivité.
Vous avez parlé de souvenirs. Quels sont vos souvenirs les plus marquants liés au vin ?
- J’en ai plein ! J’aime notamment quand des amis, à travers les vins qu’ils choisissent de partager, en disent long sur eux-mêmes : il y a ainsi l’ami gourmand, le réservé, l’excessif, l’obsessionnel… Celui aussi qui arrive avec une demi-bouteille et celui qui fait son entrée avec un magnum ! Le vin, au fond, révèle des personnalités. Des émotions aussi. Le vin, je pourrais en parler des heures.
"Le vin est toujours lié à des personnes, à des souvenirs, à des moments précis."
Et le plus ancien ?
- Enfant, j’ai eu, un jour, la brillante idée de finir tous les fonds de verre d’un repas familial. Je suis tombé malade et je n’ai plus bu de vin pendant des années. Puis il y a eu une bascule. François-Xavier Demaison m’a ouvert des portes. Lui, c’est un passionné et, par son intermédiaire, j’ai accédé à des crus sublimes. Le vin a scellé notre amitié.
Avez-vous des préférences ?
- J’apprécie les vins qui ont de la rondeur, de la gourmandise. Je suis un grand amateur des syrahs du nord de la Vallée du Rhône, comme celles de Crozes-Hermitage dont j’aime les notes d’épices et la texture toute soyeuse.
Les caves et maisons de Crozes-Hermitage sont parties à la rencontre des chefs, des sommeliers et des cavistes de Bruxelles. Quelle serait l’adresse que vous aimeriez leur recommander ?
- J’en citerais deux ! Deux restaurants : Tontons à Uccle et Les Brigittines dans le quartier du Sablon. À une époque, j’avais aussi mes habitudes à Tortue, un bar à vin à Uccle.
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